Détermination

Publié le par Bidou

Le développement durable est exigeant. C’est une exhortation au dépassement[1] de soi-même, des contradictions qui nous habitent, pour parvenir à satisfaire les besoins de tous les êtres humains sans pour autant se priver aujourd’hui ni compromettre les chances de nos enfants de bien vivre eux aussi. Il va falloir se montrer malin, et surtout faire preuve de détermination.

Il faut rompre avec nos habitudes, s’engager sur des terrains méconnus ou carrément inconnus, prendre des risques en innovant. Comme il est hors de question de trouver tout seul les bonnes réponses à tout, il faut s’ouvrir, trouver des partenaires, des complices, et pas uniquement parmi les gens que l’on fréquente depuis toujours, nos proches que l’on connaît bien et qui n’ont plus grand-chose à nous apprendre. Il faut aller vers des cultures et des habitudes différentes, tenter de les comprendre et accepter d’entrer dans la logique de ces nouveaux partenaires.

Tout ça ne se fera pas tout seul, il y aura des obstacles. Léonard de Vinci affirme ces derniers renforcent la détermination, mais il faut pour cela les analyser pour comprendre leur nature, conjoncturelle ou structurelle, comprendre les intérêts qui y sont liés, et se donner les moyens de les contourner, ou de les surmonter.

Le développement durable nous conduit à adopter des procédures ambitieuses, pour faire participer tout le monde. Cette bonne gouvernance est nécessaire pour identifier les enjeux, comprendre les interfaces avec d’autres phénomènes, réaliser des études d’impact de toutes nature, se poser les bonnes questions, et cela avant d’y répondre.

Tout ce cheminement, parfois ces détours, peuvent faire perdre de vue le pourquoi des choses, le « bruit » comme on dit en informatique peut masquer les messages importants, et distraire de la voie à suivre.

Un des moyens d’éviter ces dérives est de faire très vite. Parfois brutalement, quitte à revenir ensuite sur certaines dispositions. On impose une solution qui semble aller dans le bon sens, et on ne s’attarde pas sur la question, laquelle exprime en elle-même l’existence d’un doute, alors que l’on voudrait des certitudes. On préfère souvent poser une question en affirmant une réponse, c’est plus sûr, ça va vite, on brûle les étapes[2], on gagne du temps.

Comportement fréquent, et bien compréhensible, qui traduit au fond la crainte de ne pas savoir avancer. La vitesse[3] se transforme ainsi en précipitation, et l’urgence[4] des réformes en est souvent une bonne raison. Il faut revenir à La Fontaine et à sa tortue, ne pas craindre la lenteur pour se hâter, ne pas perdre de temps, faire tout ce qui doit être fait, sans perdre de vue le résultat que l’on veut atteindre, qui ne s’exprime pas en solution mais en besoin à satisfaire. C’est la détermination, qui n’est pas l’obstination laquelle confine à l’aveuglement alors qu’il s’agit de l’inverse, à savoir ouvrir les yeux et les oreilles, et même faire usage des 5 sens, pour mieux poser une question, en comprendre la signification profonde, et faire émerger une réponse parmi les acteurs, les parties prenantes. Ce serait plutôt de l’opiniâtreté, de la suite dans les idées. La précipitation est souvent mauvaise conseillère, elle permet d’aller vite, mais provoque souvent des retours en arrière, avec des déceptions et des rancœurs, et en définitive une perte de temps[5] (comme les raccourcis qui vous font vous perdre) et de crédibilité.

La maison brûle, et il faut faire vite pour éteindre cet incendie. Mais cette exigence ne peut se satisfaire sans rigueur[6], sans méthodes, pour entraîner le maximum d’acteurs, pour créer une dynamique partagée fondée sur la confiance et l’adhésion à une démarche. L’envie de faire vite provoque souvent le recours à des solutions toutes faites, le plus souvent segmentées pour les rendre plus simples à comprendre. Les contradictions, les antagonismes comme les complémentarités échappent à ce genre de gouvernance, qui provoque toujours des résistances. Au-delà de la crainte du changement, c’est que la construction proposée est une accumulation d’éléments composites, dont la légitimité ne peut s’imposer. La détermination permet de valoriser le capital[7] social, c’est à dire la capacité à travailler ensemble, et de forger ainsi le développement durable. La détermination permet de prendre le temps de bien faire.

Prochaine chronique : Algues

 

 



[1] Dépasser, chronique du 18/06/2006, et n°19 dans Coup de shampoing sur le développement durable (www.ibispress.com)

[2] Etape, 06/11/2006, n°25 dans Coup de shampoing

[3] Vitesse, 16/11/2006, n°80 dans Coup de shampoing

[4] Urgence, 14/05/2007

 

[5] Temps, 15/08/2006 et n°73 dans Coup de shampoing

[6] Rigueur, 11/01/2007

[7] Capital, 22/02/2007

 

Publié dans developpement-durable

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