Culture

Publié le par Bidou

Cultivons notre jardin. Candide et Voltaire réunis nous renvoient à la culture dans tous ses états, c'est-à-dire dans tous les sens du mot. Au sens propre du jardin[1], dont nous tirons de la nourriture, du plaisir, et de la sagesse. Cultiver son jardin, c’est aussi approfondir son identité[2], affirmer sa personnalité. Un petit relent de repli sur soi, au terme de nombreuses aventures, à moins que l’on ne choisisse le jardin planétaire, et que l’aventure ne fasse que commencer.

Abandonnons le jardin, quelle qu’en soit l’étendue, et prenons le mot culture au sens des sociologues, qui nous parlent de modèles culturels. Il s’agit de nos références intimes, de notre logiciel personnel comme on dirait aujourd’hui. Des modèles souvent inconscients, des choix de vie qui nous semblent incontournables alors qu’ils ne sont que l’expression de préférences et d’habitudes que l’on a du mal à remettre en cause. Chacun a son logiciel, transmis en partie par la famille et la communauté où l’on vit, avec de nombreux amendements apportés par la vie, les copains, la télé, la publicité et bien d’autres évènements qui nous marquent, parfois sans que nous ne nous en apercevions.

Le problème est que tous les logiciels ne sont pas compatibles. Quand on ne s’en rend pas compte, bonjour les malentendus, les dialogues de sourds. La tour de Babel n’est pas loin. On croit faire plaisir et on heurte une sensibilité, on pense avoir parlé clairement, et l’autre n’a rien compris, même s’il utilise les mêmes mots : les références ne sont pas les mêmes. Les logiciels peuvent devenir compatibles, pour peu que l’on y fasse attention. Ce serait dommage qu’ils deviennent identiques.

La diversité des modèles culturels est une richesse de l’humanité. Des regards différents sur la vie, une autre approche des choses, voilà bien de quoi nous surprendre, nous débarrasser de nos certitudes, nous déstabiliser, ce qui est nécessaire pour ne pas reproduire à l’infini les pratiques de nos parents, ne pas prolonger éternellement les tendances du passé. La confrontation est un facteur essentiel de progrès, et nous en avons grand besoin pour surmonter les crises qui nous touchent, crise financière, économique, mais aussi écologique, sanitaire, alimentaire. Il faut adopter des idées différentes de celles qui nous ont conduits à ces crises, et ce n’est pas facile. La rencontre avec d’autres modes de pensée est une aide extraordinaire pour cet exercice d’innovation sociale, que nous sommes condamnés à réussir.

 Cultivons donc la différence, tout en cherchant à se comprendre mutuellement, voilà le paradoxe qu’il nous faut accepter. Plus de solution unique, universelle, qui s’imposerait à tous : Chaque jour, chaque occasion, chaque circonstance demande une application particulière des mêmes principes nous dit Sun Tzu[3].

La diversité culturelle est parue tellement importante que certains préconisent d’en faire un quatrième pilier du développement durable, aux côtés des trois classiques, économie, social et environnement. Est-ce la bonne manière de souligner le rôle de la culture, qui déborde largement, disons-le au passage, du domaine confié au ministère du même nom, les beaux arts, les spectacles et la littérature. La culture au sens des comportements, des logiciels des individus et des communautés humaines, irrigue tous les gestes de la vie, la moindre décision et bien sûr les nombreux réflexes, instinctifs, que nous manifestons face à un évènement imprévu. Elle affecte le sens que nous donnons à l’efficacité économique, aussi bien que les formes que revêt la solidarité, ou encore notre relation avec la nature et les éléments. Elle est très présente dans la gouvernance, dont elle est une dimension structurante.

Gardons nous de négliger la culture et les modèles de comportement. En faire une dimension spécifique du développement durable ? Un quatrième pilier en compliquerait singulièrement la représentation. Déjà un univers en 3D est complexe, je n’ai pas les meilleurs souvenirs de la géométrie dans l’espace. Mais en 4D, il faut passer en virtuel, c’est une autre approche, totalement conceptuelle, et qui ne rendra pas le développement durable populaire comme il doit l’être. Enrichissons les piliers reconnus, la culture a une valeur économique, elle fonde de nombreuses pratiques sociales, et conditionne notre vision de la nature et de l’environnement. Elle est le fondement de la gouvernance.

La culture et la diversité culturelle offrent de nombreuses pistes pour relever les défis du développement durable. Elles conduisent également à diversifier les approches, à élargir la palette des réponses. Cultivons donc notre jardin, la planète, sous tous ses aspects, milieux physique et humain en symbiose. C’est comme ça que nous ferons grimper le BNB, bonheur national brut, tout en enrichissant le patrimoine que nous léguerons aux générations futures.


prochaine chronique : Ainés

[1] Jardin, chronique du 19/03/2009

[2] Identité (12/04/2007)

[3] Sun Tzu, L’art de la guerre, article VIII

Publié dans developpement-durable

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
<br /> Description : Mon Blog(fermaton.over-blog.com).No.28-THÉORÈME DE L'OISEAU- LA LIBERTÉ.<br />
Répondre