Quinze pour cent

Publié le par Bidou


On apprend qu’à Paris, la circulation a baissé de 15%. C’est un objectif largement partagé que de réduire la place de la voiture en ville, et notamment à Paris. Plus une ville est dense, plus ça doit être facile de proposer d’autres modes de déplacement, transports en commun, vélo, ou taxi, sans oublier la marche à pied, si on trouve près de chez soi l’essentiel de ce dont on a besoin. Et derrière cet objectif de réduction de la circulation automobile, il y a la santé, valeur qui fait facilement l’unanimité.


Mais que représentent ces 15% ? 15% de kilomètres en moins parcourus par des voitures, ou 15% de voitures en moins sur le périmètre de Paris, en moyenne ou à des moments stratégiques, comme les heures de pointe. Nous voilà confrontés à la question des indicateurs. Des chiffres sont lâchés, ils sont parfois impressionnants, mais que signifient-ils ? Je ne saurais dire ce que représentent ces 15% tel qu’il sont présentés, à l’état brut. Sans précisions, ce chiffre ne peut qu’alimenter les polémiques : le nombre de kilomètres parcourus en voiture ne veut pas dire grand chose en termes de pollution, car c’est la présence d’une voiture en marche plutôt que le nombre de kilomètres qu’elle parcoure qui est important. Réduire le nombre de kilomètres parcourus par la congestion et les embouteillages peut être une contre-performance en matière de pollution.


Il faut donc être plus précis, et fournir un indicateur sans ambiguïté, et bien corrélé au phénomène étudié : si c’est la santé, des indicateurs de pollution, construits à partir de mesures prises par des capteurs, sont bien préférables. Si c’est la « reconquête » des espaces publics autrefois dédiés à l’automobile, alors parlons d’hectares récupérés et ouverts au public, notamment pour la qualité de la vie de quartier. Et s’il s’agit de transport et de mobilité, allons dans le vif du sujet, et voyons si l’efficacité du système de transport s’est améliorée : moins de mobilité inutile ou contrainte, moins de circulation de camions pour satisfaire aux besoins des commerces, plus de facilité pour chacun pour atteindre une destination particulière, pour aller de son domicile au travail, ou dans un lieu de loisir par exemple.


On a besoin d’indicateurs fiables. Le développement durable se construit tous les jours, et collectivement. Il faut des repères, qui permettent de mesurer le chemin parcouru, de juger de la pertinence de telle pou telle politique, de tel ou tel effort demandé aux citoyens ou à une catégorie particulière d’acteurs. Des indicateurs simples et fiables, clairs et parlant pour tout le monde.

Publié dans developpement-durable

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B
c'est bidou qui fait les commentaires ?
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B
Sur la question des indicateurs de développement durable, les travaux vont bon train. On pourra par exemple se reporter sur le site de l'Institut français de l'environnement (www.ifen.fr) où l'on trouvera une étude sur 45 indicateurs de développement durable, ou sur celui du WWF (www.wwf.fr) où vous pourrez vous familiariser avec le concept d'empreinte écologique.
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